JOUR DE GALOP : SHADIYDA S’IMPOSE ET MARQUE LES ESPRITS

You are currently viewing JOUR DE GALOP : SHADIYDA S’IMPOSE ET MARQUE LES ESPRITS

Dernière étape du Festival de courses du Cheikh Mansour bin Zayed Al Nahyan, le Cheikh Zayed bin Sultan Al Nahyan Prestige Cup rassemblait treize partants sur l’hippodrome d’Abu Dhabi dont la star de l’écurie du Français Éric Lemartinel, Shadiyda (Al Sakbe). Top weight de l’épreuve, le hongre n’a pas fait de détails dans la ligne droite, se détachant irrésistiblement de ses rivaux et s’annonçant comme l’un des chevaux à battre cette saison aux Émirats. Il devance au final par cinq longueurs et demie Kandar du Falgas (Kesberoy) et Time Out (Al Nasr) troisième, qui complètent une arrivée 100% “FR”. Portant les couleurs de Cheikh Mansour bin Zayed Al Nahyan et pour ce premier jour de compétition sur l’hippodrome de la capitale des Émirats, on ne pouvait rêver mieux que la victoire de Shadiyda pour conclure en beauté le Festival. L’entraîneur tricolore était ravi de ce bon début de saison : « Cette course était une préparatoire au National Day Cup (Gr1 PA) qui a lieu en décembre. Il a vraiment bien gagné cette course à conditions où il rendait 4 kilos à ses adversaires. La course a été sélective et Shadiyda a eu un bon parcours avec Kandar du Falgas toujours en point de mire.

Il l’a fait ensuite facilement. Il avait d’ailleurs bien couru dans cette épreuve l’année dernière. Il aura comme objectif tous les Grs1 PA de la saison à Abu Dhabi et ira peutêtre à Meydan même si j’ai plutôt d’autres chevaux pour cela. La saison commence bien puisque j’ai remporté deux épreuves aujourd’hui et pris des places. » La directrice du Festival, Mme Lara Sawaya, était également ravie de la conclusion de ce grand événement pour les courses de chevaux arabes : « C’était vraiment très bien, avec une course de grande qualité. C’était également spécial pour nous puisque Shadiyda a gagné pour les couleurs de Cheikh Mansour bin Zayed Al Nahyan. C’est d’ailleurs le fils de Cheikh Mansour, Cheikh Mohammad bin Mansour bin Zayed Al Nahyan, qui a remis le trophée aux gagnants, jockey et entraîneur. Il a également remis le chèque de récompense de 20.000€ à Al Khalediah Stable pour les deux victoires de Muqatil Al Khalidiah dans deux des trois épreuves du Festival dotées d’un bonus supplémentaire (Toulouse, Duindigt et Varsovie). Il y avait une grande ambiance ce dimanche sur l’hippodrome. On a aussi pu assister à une épreuve de la Wathba Stud Farm, compétition destinée à encourager les éleveurs de pursang arabes aux Émirats à travers une série de quinze courses et vingt-cinq autres dans le reste du monde ensuite. Le nouveau calendrier du Festival sera annoncé bientôt avec neuf courses au lieu de sept et la saison commencera le 22 avril à Toulouse (l’autre épreuve française aura lieu le 4 septembre à Craon lors de la grande journée de galop des Trois Glorieuses). » Beau programme en perspective !

ÉRIC LEMARTINEL : LA « FRENCH TOUCH » D’ABU DHABI

Depuis 2006, un professionnel français fait parler de lui aux Émirats Arabes Unis, plus précisément à Abu Dhabi, ne quittant jamais le top 3 des entraîneurs depuis son arrive dans le golfe Persique. Avec dix succès dès sa première saison, il a connu la consécration en remportant la Dubai Kahayla Classic (Gr1 PA) avec Mizzna (Akbar) en 2008 puis en finissant tête de liste des entraîneurs durant la saison 2009/2010. Originaire de l’Ouest de la France, c’est surtout en tant que jockey d’obstacle qu’il s’est d’abord fait connaître, remportant deux succès de prestige dans le Grand Steeple de Waregem notamment. La première fois en 1991 avec le “Fertillet” Dakhla et la seconde en 1993 avec Umea IV. Il est d’ailleurs à l’origine du fameux saut du jockey victorieux dans la rivière du parcours de l’hippodrome flamand. Autre “moment d’adrénaline”, la victoire avec Haut Plessis dans le Prix Robert de Clermont-Tonnerre (Gr3) à Auteuil le 1er mars 1993, devançant Ubu III et Al Capone II. Installé entraîneur au Mans à la fin des années 1990, l’opportunité de venir dans les Émirats s’est faite en octobre 2006 grâce à Jean-Pierre Totain : « Un ami à lui qui avait travaillé dans l’endurance, a dit qu’il y avait une place d’entraîneur de chevaux de course à prendre. J’avais alors une dizaine de chevaux en France, dont beaucoup qui m’appartenaient en location et donc peu de pensions qui rentraient. Je ne pouvais prendre le risque à cette époque d’embaucher du personnel et j’avais toujours eu envie de partir à l’étranger afin de me tester un peu. J’ai donc pris la place laissée vacante. » Il ne partait pas toutefois en terre totalement inconnue : « J’étais venu voir au début du mois de septembre. Il n’y avait alors pas de chevaux du Cheikh Mansour bin Zayed Al Nahyan mais ceux de l’Abu Dhabi Equestrian Club. Je me suis dit que j’allais tenter. » Un effectif de trente-cinq chevaux Logé directement sur l’hippodrome ainsi que son personnel, Éric Lemartinel s’occupe aujourd’hui « de trente-deux chevaux à l’entraînement plus quelques poulinières. Certains chevaux de l’élevage du Cheikh Mansour vont nous rejoindre également, ce qui fait qu’on tournera avec trente-cinq chevaux environ. J’ai également une dizaine de propriétaires qui me font confiance depuis. » En effet, ces derniers le contactent directement, ses résultats probants ayant fait le reste : « J’ai fait mon premier gagnant la veille de Noël et c’est à ce moment que sont arrivés dans mon écurie Mizzna et Shadiyda pour le Cheikh Mansour. Shadiyda a couru deux fois cette saison-là, gagnant à chaque fois tandis que Mizzna a débuté victorieusement directement au niveau Gr1 PA ici à Abu Dhabi [devançant le champion Dahess, ndlr] avant de prendre la troisième place du Dubai Kahayla Classic (Gr1 PA) à Nad Al Sheba. Cela ne pouvait mieux commencer. J’ai fait encore mieux la saison suivante et le Cheikh Mansour n’avait jamais gagné autant, d’où ma signature pour deux saisons supplémentaires. De toute façon, mes relations avec les propriétaires sont bonnes et ils apprécient mon caractère réservé.»

L’adaptation à son nouvel environnement s’est fait progressivement, « notamment dans le travail. Il y a beaucoup de cavaliers d’entraînement qui sont originaires de l’Inde et qui ne sont pas formés. Ils criaient beaucoup au début et comme je monte à cheval, je leur ai montré ce qu’il fallait faire. Je vais d’ailleurs recevoir deux nouveaux riders prochainement et ils vont tout d’abord monter les chevaux calmes et mécanisés et puis on va voir. S’ils sont doués, tant mieux, sinon on fera avec… J’en ai un qui monte pas mal maintenant mais quand il est arrivé ici, il tombait tous les jours ! Par contre, ils veulent apprendre. Ils viennent ici pour un an ou deux et n’ont pas intérêt financièrement à repartir de suite. Ils sont motivés car ils n’ont pas le choix. Ils gagnent plus ici que dans leur propre pays. Ils reçoivent également un pourcentage sur la réussite de l’écurie à la fin de la saison. J’ai un bon staff aujourd’hui et les chevaux à l’écurie sont calmes et c’est très important. »

Deux entraîneurs seulement installés sur l’hippodrome d’Abu Dhabi

Seuls deux entraîneurs résident à l’année sur l’hippodrome, les autres viennent de Dubaï et des environs. Il y a même des éleveurs locaux. Le rituel du travail est, lui, immuable : « Les chevaux sortent en main tous les soirs et vont deux fois par semaine au paddock. Ils sont montés enrênés comme les chevaux d’obstacle à l’entraînement, travaillant mieux ainsi. » Sur la piste, le contraste est saisissant entre les riders du Français et ceux de son homologue émirati dont la position à cheval laisse plus qu’à désirer… « J’entraîne mes chevaux deux par deux dont un leader et sur la main. Je ne fais pas de chrono. Je les change également de partenaires d’entraînement. J’aime bien recevoir de jeunes chevaux, me faire une idée sur eux, les voir progresser. C’est génial quand ils répondent aux attentes. C’est ce qui me motive encore aujourd’hui et demain. J’ai un programme commun et je fais quelques ajustements pour certains. Je ne suis pas trop dur avec les jeunes et pour les “vieux”, le but est de les maintenir fit durant les quatre mois de la saison et d’entretenir leur moral. J’ai le choix des engagements et gère la carrière de mes pensionnaires. Le principal est de gagner et faire durer les chevaux durant la saison. Au vu des résultats, les propriétaires me font confiance… Chacun son job. » Éric Lemartinel